Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est bien, dit Hoffmann, du vin de Champagne, et laissez-nous.

Les garçons apportèrent plusieurs bouteilles de vin de Champagne, et se retirèrent.

Derrière eux, Hoffmann alla pousser la porte, qu’il ferma au verrou.

Puis, les yeux ardens de désir, il revint vers Arsène, qu’il retrouva près de la table, continuant de puiser la vie, non pas à cette fontaine de Jouvence, mais à cette source du Pactole.

— Eh bien ? lui demanda-t-il.

— C’est beau, l’or ! dit-elle ; il y avait longtemps que je n’en avais touché.

— Allons, viens souper, fit Hoffmann, et puis après, tout à ton aise, Danaé, tu te baigneras dans l’or si tu veux.

Et il l’entraîna vers la table.

— J’ai froid ! dit-elle.

Hoffmann regarda autour de lui ; les fenêtres et le lit étaient tendus en damas rouge : il arracha un rideau de la fenêtre et le donna à Arsène.

Arsène s’enveloppa dans le rideau, qui sembla se draper de lui-même comme les plis d’un manteau antique, et sous cette draperie rouge sa tête pâle redoubla de caractère.

Hoffmann avait presque peur.

Il se mit à table, se versa et but deux ou trois verres de vin de Champagne, coup sur coup. Alors il lui sembla qu’une légère coloration montait aux yeux d’Arsène.

Il lui versa à son tour, et à son tour elle but.

Puis il voulut la faire manger ; mais elle refusa.