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— Pour monsieur et Madame, reprit le garçon, étonné, en portant alternativement son regard du costume plus que simple d’Hoffmann, au costume plus que léger d’Arsène.

— Oui, dit Hoffmann, la meilleure, la plus belle ; surtout qu’elle soit bien chauffée et bien éclairée : voici un louis pour vous.

Le garçon parut subir la même influence que le concierge, se courba devant le louis, et montrant un grand escalier, à moitié éclairé seulement à cause de l’heure avancée de la nuit, mais sur les marches duquel, par un luxe bien extraordinaire à cette époque, était étendu un tapis :

— Montez, dit-il, et attendez à la porte du numéro trois.

Puis il disparut tout courant.

À la première marche de l’escalier, Arsène s’arrêta.

Elle semblait, la légère sylphide, éprouver une difficulté invincible à lever le pied.

On eût dit que sa légère chaussure de satin avait des semelles de plomb.

Hoffmann lui offrit le bras.

Arsène appuya sa main sur le bras que lui présentait le jeune homme, et quoiqu’il ne sentît pas la pression du poignet de la danseuse, il sentit le froid qui se communiquait de ce corps au sien.

Puis, avec un effort violent, Arsène monta la première marche et successivement les autres ; mais chaque degré lui arrachait un soupir.

— Oh ! pauvre femme, murmura Hoffmann, comme vous avez dû souffrir !