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— Tant mieux pour le gouvernement s’il s’en sert ! Nous, nous n’en voulons pas.

— Ah ! bien ! dit l’homme en reprenant ses assignats, en voilà un drôle d’argent, on ne peut même pas le perdre.

Et il s’éloigna en tortillant ses assignats dans ses mains.

— Faites vos jeux ! cria le croupier.

Hoffmann était joueur, nous le savons ; mais cette fois ce n’était pas pour le jeu, c’était pour l’argent qu’il venait.

La fièvre qui le brûlait faisait bouillir son âme dans son corps comme de l’eau dans un vase.

— Cent thalers au 26 ! cria-t-il.

Le croupier examina la monnaie allemande comme il avait examiné les assignats.

— Allez changer, dit-il à Hoffmann ; nous ne prenons que l’argent français.

Hoffmann descendit comme un fou, entra chez un changeur qui se trouvait justement être un Allemand, et changea ses trois cents thalers contre de l’or, c’est-à-dire contre quarante louis environ.

La roulette avait tourné trois fois pendant ce temps.

— Quinze louis au 26 ! cria-t-il en se précipitant vers la table, et en s’en tenant, avec cette incroyable superstition des joueurs, au numéro qu’il avait d’abord choisi par hasard, et parce que c’était celui sur lequel l’homme aux assignats avait voulu jouer.

— Rien ne va plus ! cria le croupier.

La boule tourna.

Le voisin d’Hoffmann ramassa deux poignées d’or et les jeta dans son chapeau qu’il tenait entre ses jambes, mais