Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Danton, et ce serait Danton que l’on mettrait à la porte lorsque Hoffmann arriverait.

En attendant, ce qu’il y avait de plus clair, c’est que celui qu’on avait mis à la porte, ce n’était pas Danton, mais Hoffmann.

Hoffmann reprit le chemin de la petite chambre, plus humble et plus attristé qu’il ne l’avait jamais été.

Tant qu’il ne s’était pas trouvé en face d’Arsène, il avait espéré ; mais ce qu’il venait de voir, cette insouciance vis-à-vis de lui comme homme, ce luxe au milieu duquel il avait trouvé la belle danseuse, et qui était non-seulement sa vie physique, mais sa vie morale, tout cela, à moins d’une somme folle, inouïe, qui tombât entre les mains d’Hoffmann, c’est-à-dire à moins d’un miracle, rendait impossible au jeune homme, même l’espérance de la possession.

Aussi rentra-t-il accablé ; le singulier sentiment qu’il éprouvait pour Arsène, sentiment tout physique, tout attractif, et dans lequel le cœur n’était pour rien, s’était traduit jusque-là par les désirs, par l’irritation, par la fièvre.

À cette heure, désirs, irritation et fièvre s’étaient changés en un profond accablement.

Un seul espoir restait à Hoffmann, c’était de retrouver le docteur noir et de lui demander avis sur ce qu’il devait faire, quoiqu’il y eût dans cet homme quelque chose d’étrange, de fantastique, de surhumain, qui lui fît croire qu’aussitôt qu’il le côtoyait il sortait de la vie réelle pour entrer dans une espèce de rêve où ne le suivait ni sa volonté ni