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XIV

LE TENTATEUR


Ce qui rendait la situation d’Hoffmann plus terrible encore, en ce qu’elle ajoutait l’humiliation à la douleur, c’est qu’il n’avait pas, la chose était évidente pour lui, été appelé chez Arsène comme un homme qu’elle avait remarqué à l’orchestre de l’Opéra, mais purement et simplement comme un peintre, comme une machine à portrait, comme un miroir qui réfléchit les corps qu’on lui présente. De là cette insouciance d’Arsène à laisser tomber l’un après l’autre tous ses vêtemens devant lui ; de là cet étonnement quand il lui avait baisé la main ; de là cette colère quand, au milieu de l’âcre baiser dont il lui avait rougi l’épaule, il lui avait dit qu’il l’aimait.

Et, en effet, n’était-ce pas folie à lui, simple étudiant allemand, venu à Paris avec trois ou quatre cents thalers, c’est-à-dire avec une somme insuffisante à payer le tapis de son antichambre, n’était-ce pas une folie à lui d’aspirer à la danseuse à la mode, à la fille entretenue par le prodigue et voluptueux Danton ! Cette femme, ce n’était point le son des paroles qui la touchait, c’était le son de l’or ; son amant, ce n’était pas celui qui l’aimait le plus, c’était celui qui la payait davantage. Qu’Hoffmann ait plus d’argent que