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més, en fit jouer le mobile ébène, parmi les grains de topaze, parmi les feuilles d’émeraudes et de rubis de la vigne d’automne ; et, comme il l’avait promis, sous sa main, main de poëte, de peintre et d’amant, la danseuse s’embellit de telle façon, qu’en se regardant dans la glace elle jeta un cri de joie et d’orgueil.

— Oh ! vous avez raison, dit Arsène, oui, je suis belle, bien belle. Maintenant, continuons.

— Quoi ? que continuons-nous ? demanda Hoffmann.

— Eh bien ! mais ma toilette de bacchante ?

Hoffmann commençait à comprendre.

— Mon Dieu ! murmura-t-il, mon Dieu !

Arsène détacha en souriant son manteau de pourpre, qui demeura retenu par une seule épingle, à laquelle elle essaya vainement d’atteindre.

— Mais aidez-moi donc ! dit-elle avec impatience, ou faut-il que je rappelle Eucharis ?

— Non, non ! s’écria Hoffmann. Et s’élançant vers Arsène, il enleva l’épingle rebelle : le manteau tomba aux pieds de la belle Grecque.

— Là ! dit le jeune homme en respirant.

— Oh ! dit Arsène, croyez-vous donc que cette peau de tigre fasse bien sur cette longue robe de mousseline ? moi je ne crois pas ; d’ailleurs il veut une vraie bacchante, non pas comme on les voit au théâtre, mais comme elles sont dans les tableaux des Carrache et de l’Albane.

— Mais, dans les tableaux des Carrache et de l’Albane, s’écria Hoffmann, les bacchantes sont nues !

— Eh bien ! il me veut ainsi, à part la peau de tigre que vous draperez comme vous voudrez, cela vous regarde.