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— Non, monsieur.

— Et le marquis de Sades ?

— Pas davantage.

— Voyez-vous, monsieur, reprit le docteur avec enthousiasme, Justine, c’est tout ce qu’on peut lire de plus immoral, c’est du Crébillon fils tout nu, c’est merveilleux. J’ai soigné une jeune fille qui l’avait lu.

— Et elle est morte comme votre vieillard ?

— Oui, monsieur, mais elle est morte bien heureuse.

Et l’œil du médecin pétilla d’aise au souvenir des causes de cette mort.

On donna le signal du second acte. Hoffmann n’en fut pas fâché, son voisin l’effrayait.

— Ah ! fit le docteur en s’asseyant, et avec un sourire de satisfaction, nous allons voir Arsène.

— Qui est-ce, Arsène ?

— Vous ne la connaissez pas ?

— Non, monsieur.

— Ah çà ! vous ne connaissez donc rien, jeune homme ?

Arsène, c’est Arsène, c’est tout dire ; d’ailleurs, vous allez voir.

Et, avant que l’orchestre eût donné une note, le médecin avait recommencé à fredonner l’introduction du second acte.

La toile se leva.

Le théâtre représentait un berceau de fleurs et de verdure, que traversait un ruisseau qui prenait sa source au pied d’un rocher.

Hoffmann laissa tomber sa tête dans sa main.

Décidément, ce qu’il voyait, ce qu’il entendait ne pou-