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triotes, du jour où les Prussiens viendraient assiéger Paris.

Hoffmann sentit que la sueur lui montait au front ; l’homme qui lui parlait ainsi avait une certaine façon de parler qui sentait son importance.

On saluait fort ce beau diseur.

Hoffmann apprit d’un des assistants qu’il avait eu l’honneur de parler au citoyen Simon, gouverneur des enfans de France et conservateur des musées royaux.

— Je ne verrai point de tableaux, dit-il en soupirant ; ah ! c’est dommage ! mais je m’en irai à la Bibliothèque du feu roi, et, à défaut de peinture, j’y verrai des estampes, des médailles et des manuscrits ; j’y verrai le tombeau de Childéric, père de Clovis, et les globes céleste et terrestre du père Coronelli.

Hoffmann eut la douleur, en arrivant, d’apprendre que la nation française, regardant comme une source de corruption et d’incivisme la science et la littérature, avait fermé toutes les officines où conspiraient de prétendus savans et de prétendus littérateurs, le tout par mesure d’humanité, pour s’épargner la peine de guillotiner ces pauvres diables. D’ailleurs, même sous le tyran, la Bibliothèque n’était ouverte que deux fois par semaine.

Hoffmann dut se retirer sans avoir rien vu ; il dut même oublier de demander des nouvelles de son ami Zacharias.

Mais, comme il était persévérant, il s’obstina et voulut voir le musée Saint-Avoye.

On lui apprit alors que le propriétaire avait été guillotiné l’avant-veille.

Il s’en alla jusqu’au Luxembourg ; mais ce palais était devenu prison.