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— De tout mon cœur. Merci de ces précieux renseignemens.

— Et puis, tu n’oublieras pas d’écrire lisiblement tes nom et prénoms sur une pancarte, à ta porte.

— Cela sera fait.

— Va-t’en, citoyen, tu nous gênes.

Les bouteilles étaient vides.

— Adieu, citoyens ; grand merci de votre politesse.

Et Hoffmann partit, toujours en société de sa pipe, plus allumée que jamais.

— Voilà comment il fit son entrée dans la capitale de la France républicaine.

Ce mot charmant « quai aux Fleurs » l’avait affriandé. Hoffmann se figurait déjà une petite chambre dont le balcon donnait sur ce merveilleux quai aux Fleurs.

Il oubliait décembre et les vents de bise, il oubliait la neige et cette mort passagère de toute la nature. Les fleurs venaient éclore dans son imagination sous la fumée de ses lèvres ; il ne voyait plus que les jasmins et la rose, malgré les cloaques du faubourg.

Il arriva, neuf heures sonnant, au quai aux Fleurs, lequel était parfaitement sombre et désert, ainsi que le sont les quais du Nord en hiver. Toutefois, cette solitude était, ce soir, plus noire et plus sensible qu’autre part.

Hoffmann avait trop faim, il avait trop froid pour philosopher en chemin ; mais pas d’hôtellerie sur ce quai.

Levant les yeux, il aperçut enfin, au coin du quai et de la rue de Barillerie, une grosse lanterne rouge, dans les vitres de laquelle tremblait un lumignon crasseux.

Ce fanal pendait et se balançait au bout d’une potence