Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suave encore par la profonde mélancolie à laquelle la jeune fille était en proie.

Pendant tout le temps que dura le saint sacrifice, elle chanta de la même voix dont là-haut doivent chanter les anges ; puis enfin, quand la sonnette de l’enfant de chœur annonça la consécration de l’hostie, au moment où les fidèles se courbaient devant le Dieu qui, aux mains du prêtre, s’élevait au-dessus de leurs têtes, seule Antonia redressa son front.

— Jurez, dit-elle.

— Je jure, dit Hoffmann d’une voix tremblante, je jure de renoncer au jeu.

— Est-ce le seul serment que vous vouliez me faire, mon ami ?

— Oh ! non, attendez. Je jure de vous rester fidèle de cœur et d’esprit, de corps et d’âme.

— Et sur quoi jurez-vous cela ?

— Oh ! s’écria Hoffmann, au comble de l’exaltation, sur ce que j’ai de plus cher, sur ce que j’ai de plus sacré, sur votre vie !

— Merci ! s’écria à son tour Antonia, car si vous ne tenez pas votre serment, je mourrai.

Hoffmann tressaillit, un frisson passa par tout son corps, il ne se repentit pas, seulement, il eut peur.

Le prêtre descendait les degrés de l’autel, emportant le Saint Sacrement dans la sacristie.

Au moment où le corps divin de Notre-Seigneur passait, elle saisit la main d’Hoffmann.

— Vous avez entendu son serment, n’est-ce pas, mon Dieu ? dit Antonia.