Page:Dumas - La Femme au collier de velours, 1861.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il copiait le Stabat. Le jeune homme entra et se tint debout derrière lui.

Au bout d’un instant, maître Gottlieb n’entendant plus rien, même la respiration du jeune homme, maître Gottlieb se retourna.

— Ah ! c’est toi, garçon, dit-il en renversant sa tête en arrière pour arriver à regarder Hoffmann à travers ses lunettes. Que viens-tu me dire ?

Hoffmann ouvrit la bouche, mais il la referma sans avoir articulé un son.

— Es-tu devenu muet ? demanda le vieillard ; peste ! ce serait malheureux ; un gaillard qui en découd comme toi lorsque tu t’y mets ne peut pas perdre la parole comme cela, à moins que ce ne soit par punition d’en avoir abusé !

— Non, maître Gottlieb, non je n’ai point perdu la parole, Dieu merci ! Seulement, ce que j’ai à vous dire…

— Eh bien !

— Eh bien !… me semble chose difficile.

— Bah ! est-ce donc bien difficile que de dire : maître Gottlieb, j’aime votre fille ?

— Vous savez cela, maître Gottlieb ?

— Ah ça ! mais je serais bien fou, ou plutôt bien sot, si je ne m’en étais pas aperçu, de ton amour.

— Et cependant, vous avez permis que je continuasse de l’aimer.

— Pourquoi pas ? puisqu’elle t’aime.

— Mais, maître Gottlieb, vous savez que je n’ai aucune fortune.

— Bah ! les oiseaux du ciel ont-ils une fortune ? Ils chan-