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je ne voyais plus qu’à travers un brouillard, ou plutôt je ne voyais pas.

Les deux fossoyeur poussèrent un cri d’étonnement en s’appuyant des deux côtés de la fosse pour démasquer le cercueil béant, en disant :

— Voyez.

Je fis un effort et je vis.

Elle était tout entière.

À son aspect je perdis connaissance.

Un instant après, je revins à moi ; puisque j’étais là ce n’était point pour m’épargner.

Tout en essuyant la sueur et les larmes qui coulaient tout ensemble sur mon visage, je ramenai mes yeux sur le cercueil.

Elle y était tout entière !

— Ah ! monsieur, me dit un des deux fossoyeurs, la chère dame a dû mourir par accident ; depuis trente ans que je creuse pour en mettre et pour en ôter, jamais je n’ai trouvé aucune personne aussi bien conservée. Cette femme-là devait vivre cent ans, monsieur.

Pierre, va-t’en chercher une bière d’enterrement, et pour une grande personne, tu entends ?