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Toutes fragiles fleurs sitôt mortes que nées,
Alcyons engloutis avec leurs nids flottants ;
Colombes que le ciel au monde avait données,
Qui, de grâces, d’enfance et d’amour couronnées,
Comptaient leurs ans par les printemps.

Quoi ! mortes ! Quoi ! déjà sous la pierre couchées !
Quoi ! tant d’êtres charmants sans regards et sans voix !
Tant de flambeaux éteints, tant de fleurs arrachées !
Ah ! laissez-moi fouler les feuilles desséchées,
Et m’égarer au fond des bois !…

Doux fantômes ! c’est là, quand je rêve dans l’ombre,
Qu’ils viennent tour à tour m’entendre et me parler ;
Un jour douteux me montre et me cache leur nombre.
À travers les rameaux et le feuillage sombre,
Je vois leurs yeux étinceler.

Sa pauvre mère, hélas ! de son sort ignorante,
Avait mis tant d’amour sur ce frêle roseau.
Et si longtemps veillé son enfance souffrante,
Et passé tant de nuits à l’endormir pleurante.
Toute petite en son berceau !

Victor Hugo.
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Cher ange, prie Dieu pour moi, afin que j’aie le