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napé sur lequel elle avait étendu un grand voile noir, qui lui servait dans Angelo.

Elle ne devait plus avoir d’autre lit que ce canapé, d’autres draps que ce voile funèbre !


IV


À dater de ce jour, le sommeil fut pour les deux enfants, c’est-à-dire pour Luguet et pour Caroline, banni de la maison.

C’étaient à chaque instant des alertes terribles. De leur chambre, ils entendaient des gémissements si plaintifs, des sanglots si violents, qu’ils se précipitaient vingt fois par jour chez leur mère.

On la trouvait sans cesse agenouillée sur ce canapé, près de ce berceau, parlant à Georges comme s’il était là, ou bien encore lui demandant où il était ; et s’il se trouvait aussi bien dans les bras des anges et sur le sein de Dieu que dans les bras de son père et de sa mère, et sur son sein à elle.

Puis, s’arrêtant, elle prenait cette Bible, sa seule