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— Peut-être… oui… je ne dis pas non.

— Tu réponds comme il convient à une conscience tumultueuse et troublée ; mais remets-toi… ne te laisse point abattre ; réponds avec la clarté, la précision que te commande une position terrible ; réponds-moi d’après cette certitude que tu peux nous convaincre, car nous n’apportons ici ni préventions, ni haine ; nous sommes la loi ; elle ne parle qu’après que le juge a écouté.

Balsamo ne répliqua rien.

— Je te le répète, Balsamo, et mon avertissement une fois donné sera comme l’avis que se donnent des combattants avant de s’attaquer l’un l’autre ; je vais t’attaquer avec des armes loyales, mais puissantes ; défends-toi.

Les assistants, voyant le flegme et l’immobilité de Balsamo, se regardèrent, non sans étonnement, puis reportèrent leurs yeux sur le président.

— Tu m’as entendu, n’est-ce pas, Balsamo ? répéta ce dernier.

Balsamo fit de la tête un signe affirmatif.

— J’ai donc, en frère plein de loyauté, de bienveillance, averti ton esprit, et fait pressentir le but de mon interrogatoire. Tu es averti ; garde-toi, je recommence.

« Après cet avertissement, continua le président, l’association délégua cinq de ses membres pour surveiller à Paris les démarches de celui qu’on nous signalait comme un traître.

« Or, nos révélations à nous ne sont pas sujettes à l’erreur ; nous les tenons ordinairement, tu le sais toi-même, soit d’agents dévoués parmi les hommes, soit d’indices certains parmi les choses, soit de symptômes et de signes infaillibles parmi les mystérieuses combinaisons que la nature n’a encore révélées qu’à nous. Or, l’un de nous avait eu sa vision par rapport à toi ; nous savons qu’il ne s’est jamais trompé ; nous nous sommes tenus sur nos gardes, et nous t’avons surveillé. »

Balsamo écouta le tout sans donner la moindre marque d’impatience, ou même d’intelligence. Le président continua :

— Ce n’était pas chose aisée que de surveiller un homme tel que toi ; tu entres partout, ta mission est de prendre pied