cette menteuse Majesté, et cela pour souper, je l’ai su depuis, entre le duc de Richelieu et le baron de Taverney.
— Ah ! ah !
— Vous comprenez, à votre tour. Ce fut pendant ce souper que le philtre d’amour fut versé au roi. Il en tenait déjà pour mademoiselle Andrée ; on savait qu’il ne me verrait pas le lendemain. C’était donc à l’endroit de cette petite qu’il devait opérer.
— Eh bien ?
— Eh bien ! il opéra, voilà tout,
— Qu’est-il arrivé alors ?
— Voilà ce qui est difficile à savoir positivement. ― Des gens bien informés ont vu Sa Majesté se dirigeant vers les communs, c’est-à-dire vers l’appartement de mademoiselle Andrée.
— Je sais où elle demeure ; mais ensuite ?
— Ah ! ensuite ; peste ! comme vous y allez, comte. On ne suit pas sans danger un roi qui se cache.
— Mais enfin ?
— Enfin, tout ce que je puis vous dire, c’est que Sa Majesté, par une affreuse nuit d’orage, revint à Trianon, pâle, tremblante, et avec une fièvre qui tenait du délire.
— Et vous croyez, demanda Balsamo en souriant, que ce n’était pas de l’orage seulement que le roi avait eu peur ?
— Non, car le valet de chambre l’entendit s’écrier plusieurs fois : « Morte ! morte ! morte ! »
— Oh ! fit Balsamo.
— C’était le narcotique, continua madame Dubarry ; rien ne fait peur au roi comme les morts, et, après les morts, comme l’image de la mort. Il a trouvé mademoiselle de Taverney endormie d’un sommeil étrange, il l’aura crue morte.
— Oui, oui, morte en effet, dit Balsamo qui se rappelait avoir fui sans réveiller Andrée, morte ou du moins présentant toutes les apparences de la mort. C’est cela ! c’est cela ! Après, madame, après ?
— Nul ne sut donc ce qui se passa dans cette nuit, ou plutôt dans le commencement de cette nuit. À sa rentrée chez