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gravé à Mayence, et dont les planches, dessinées avec un art merveilleux, montre la mort présidant à toutes les actions de la vie de l’homme, l’attendant à la porte du bal où il vient de serrer la main de la femme qu’il aime, l’attirant au fond de l’eau dans laquelle il se baigne, ou se cachant dans le canon du fusil qu’il emporte à la chasse.

Madame du Barry en était à la planche qui représente une belle femme se fardant et se mirant, lorsque Balsamo vint la saluer avec le sourire du bonheur épanoui sur tout son visage.

— Pardonnez-moi, madame, de vous avoir fait attendre, mais j’avais mal calculé la distance ou je connaissais mal la vitesse de vos chevaux, je vous croyais à la place Louis XV.

— Comment cela ? demanda la comtesse, vous saviez donc que j’arrivais ?

— Oui, madame ; il y a deux heures à peu près que je vous ai vue dans votre boudoir de satin bleu, donnant des ordres pour que l’on mît les chevaux à la voiture.

— Et vous dites que j’étais dans mon boudoir de satin bleu ?

— Broché de fleurs aux couleurs naturelles. Oui, comtesse, couchée sur un sofa. Une bienheureuse idée vous est alors passée par la tête ; vous vous êtes dit : « Allons voir le comte de Fœnix ». Vous avez sonné alors.

— Et qui est entré ?

— Votre sœur, comtesse. Est-ce cela ? Vous l’avez priée de transmettre vos ordres, qui aussitôt ont été exécutés.

— En vérité, comte, vous êtes sorcier. Est-ce que vous regardez comme cela dans mon boudoir à tous les instants du jour ? C’est qu’il faudrait me prévenir, entendez-vous bien ?

— Ah ! soyez tranquille, comtesse, je ne regarde que par les portes ouvertes.

— Et, en regardant par les portes ouvertes, vous avez vu que je pensais à vous ?

— Certes ; et à bonne intention même.