— Attends.
— Ne te semble-t-il pas l’avoir déjà vue ?
— Oui, ici ; c’est madame la comtesse Dubarry.
— C’est cela, Lorenza, c’est cela ; tu me rendras fou. Que fait cette femme ?
— Elle pense à toi, Balsamo.
— À moi ?
— Oui.
— Tu peux donc lire dans sa pensée ?
— Oui ; car, je le répète, elle pense à toi.
— Et à quel propos ?
— Tu lui as fait une promesse.
— Oui ; laquelle ?
— Tu lui as promis cette eau de beauté que Vénus, pour se venger de Sapho, avait donnée à Phaon.
— C’est cela, c’est bien cela. Et que fait-elle tout en pensant ?
— Elle prend une décision.
— Laquelle ?
— Attends ; elle étend sa main vers sa sonnette ; elle sonne ; une autre jeune femme entre.
— Brune ? blonde ?
— Brune.
— Grande ? petite ?
— Petite.
— C’est sa sœur. Écoute ce qu’elle va dire.
— Elle veut qu’on mette les chevaux à la voiture.
— Pour aller où ?
— Pour venir ici.
— Tu en es sûre ?
— Elle en donne l’ordre. Tiens, on obéit ; je vois les chevaux, le carrosse ; dans deux heures elle sera ici.
Balsamo tomba à genoux.
— Oh ! s’écria-t-il, si dans deux heures elle est effectivement ici, je n’aurai plus rien à vous demander, mon Dieu, que d’avoir pitié de mon bonheur.
— Pauvre ami, dit-elle, tu craignais donc ?