traces du jardin, et, après réflexion, conclut en faveur des suppositions de Philippe.
— Le baron m’est assez connu, dit-il, pour que je le croie capable de cette mauvaise action. Toutefois, ne se peut-il pas qu’un autre intérêt, plus immédiat, ait déterminé l’enlèvement de cet enfant ?
— Quel intérêt, docteur ?
— Celui du véritable père.
— Oh ! s’écria Philippe, j’avais eu un moment cette pensée ; mais le malheureux n’a pas seulement de pain pour lui ; c’est un fou, un exalté, fugitif à l’heure qu’il est, et qui doit avoir peur même de mon ombre… Ne nous trompons pas, docteur, le misérable a commis ce crime par occasion ; mais, à présent que je suis plus éloigné de la colère, bien que je le haïsse, ce criminel, je crois que j’éviterais sa rencontre, afin de ne pas le tuer. Je crois qu’il doit éprouver des remords qui le punissent ; je crois que la faim et le vagabondage me vengeront de lui aussi efficacement que mon épée.
— N’en parlons plus, dit le docteur.
— Veuillez seulement, cher et excellent ami, consentir à un dernier mensonge : car il faut, avant tout, rassurer Andrée ; vous lui direz que vous étiez hier inquiet de la santé de cet enfant, que vous l’êtes revenu prendre la nuit pour le porter chez sa nourrice. C’est la première fable qui me soit venue à l’idée, et que j’aie improvisée pour Andrée.
— Je dirai cela ; cependant, vous chercherez cet enfant ?
— J’ai un moyen de le retrouver. Je suis décidé à quitter la France ; Andrée entrera au monastère de Saint-Denis ; alors j’irai trouver M. de Taverney : je lui dirai que je sais tout ; je le forcerai à me découvrir la retraite de l’enfant. Ses résistances, je les vaincrai par la menace d’une révélation publique, par la menace d’une intervention de madame la dauphine.
— Et l’enfant qu’en ferez-vous, votre sœur étant au couvent ?
— Je le mettrai en nourrice chez une femme que vous me