avec une impétuosité généreuse qui attendrit profondément Gilbert.
— On ne m’avait pas trompé, dit-il ; vous êtes une brave femme. Je vous confie donc cet enfant au nom de mon maître. Je vois qu’il sera heureux ici, et je veux qu’il apporte en cette chaumière un rêve de bonheur en échange de celui qu’il y trouvera. Combien avez-vous pris par mois aux enfants de maître Niquet, de Villers-Cotterêts ?
— Douze livres, monsieur ; mais M. Niquet est riche, et il ajoutait bien par-ci par-là quelques livres pour le sucre et l’entretien.
— Mère Madeleine, dit Gilbert avec fierté, l’enfant que voici vous paiera vingt livres par mois, ce qui fait deux cent quarante livres par an.
— Jésus ! s’écria Madeleine, merci, monsieur.
— Voici la première année, dit Gilbert en étalant sur la table dix beaux louis qui firent ouvrir de grands yeux aux deux femmes, et sur lesquels le petit Ange Pitou allongea sa main dévastatrice.
— Mais, monsieur, si l’enfant ne vivait pas ? objecta timidement la nourrice.
— Ce serait un grand malheur, un malheur qui n’arrivera point, dit Gilbert. Voilà donc les mois de nourrice réglés, vous êtes satisfaite ?
— Oh ! oui, monsieur.
— Passons aux paiements d’une pension pour les autres années.
— L’enfant nous resterait ?
— Probablement.
— En ce cas, monsieur, c’est nous qui serions ses père et mère ?
Gilbert pâlit.
— Oui, dit-il d’une voix étouffée.
— Alors, monsieur, il est donc abandonné, ce pauvre petit ?
Gilbert ne s’attendait pas à cette émotion, à ces questions. Il se remit pourtant.