Le tout sans indications précises. Puis, son argent dans ses poches, un long couteau dans sa manche, il allait se glisser le long du tuyau dans le jardin, lorsqu’une idée l’arrêta.
La neige !… Gilbert, absorbé depuis trois jours, n’avait pas pensé à cela… Sur la neige, on verrait ses traces… Ces traces aboutissant au mur de la maison de Rousseau, nul doute que Philippe et Andrée ne fissent faire des recherches, et que la disparition de Gilbert coïncidant avec l’enlèvement, tout le secret ne se découvrît.
Il fallait donc, de toute nécessité, faire le tour par la rue Coq-Héron, entrer par la petite porte du jardin, pour laquelle, depuis un mois, Gilbert s’était muni d’un passe-partout, porte de laquelle partait un petit sentier battu, où ses pieds, par conséquent, ne laisseraient pas de traces.
Il ne perdit pas un moment, et arriva juste à l’heure où le fiacre qui amenait le docteur Louis stationnait devant l’entrée principale du petit hôtel.
Gilbert ouvrit avec précaution la porte, ne vit personne, et s’alla cacher à l’angle du pavillon, près de la serre.
Ce fut une terrible nuit ; il put entendre tout : gémissements, cris arrachés par la torture ; il entendit jusqu’aux premiers vagissements du fils qui lui était né.
Cependant, appuyé sur la pierre nue, il recevait, sans la sentir, toute la neige qui tombait drue et solide du ciel noir. Son cœur battait sur le manche de ce couteau qu’il serrait désespérément contre sa poitrine. Son œil fixe avait la couleur du sang, la lumière du feu.
Enfin le docteur sortit ; enfin Philippe échangea les derniers mots avec le docteur.
Alors Gilbert s’approcha de la persienne, marquant sa trace sur le tapis de neige qui craquait sous ses pieds jusqu’à la cheville. Il vit Andrée endormie dans son lit, Marguerite assoupie dans le fauteuil ; et, cherchant l’enfant près de la mère, il ne le vit point.
Il comprit aussitôt, se dirigea vers la porte du perron, l’ouvrit non sans un bruit qui l’épouvanta, et, pénétrant jusqu’au