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Balsamo fit un geste d’impatience.

— Ce coffret, monsieur ! dit brièvement la comtesse, ce coffret, oui ou non ! Réfléchissez avant de dire non.

— Comme il vous plaira, madame, dit humblement M. de Sartines.

Et il tendit à la comtesse le coffret dans lequel Balsamo avait déjà fait rentrer tous les papiers épars sur le bureau.

Madame du Barry se tourna vers ce dernier avec un charmant sourire.

— Comte, dit-elle, voulez-vous me porter ce coffret jusqu’à mon carrosse et m’offrir la main pour que je ne traverse pas seule toutes ces antichambres meublées de si vilains visages ? — Merci, Sartine.

Et Balsamo se dirigeait déjà vers la porte avec sa protectrice, quand il vit M. de Sartine se diriger, lui, vers la sonnette.

— Madame la comtesse, dit Balsamo en arrêtant son ennemi du regard, soyez assez bonne pour dire à M. de Sartine, qui m’en veut énormément de ce que je lui ai réclamé votre cassette, soyez assez bonne pour lui dire combien vous seriez désespérée s’il m’arrivait quelque malheur par le fait de M. le lieutenant de police, et combien vous lui en sauriez mauvais gré.

La comtesse sourit à Balsamo.

— Vous entendez ce que dit M. le comte, mon cher Sartine ? Eh bien, c’est la pure vérité ; M. le comte est un excellent ami à moi, et je vous en voudrais mortellement si vous lui déplaisiez sur quelque chose que ce soit. Adieu, Sartine.

Et cette fois, la main dans celle de Balsamo, qui emportait le coffret, madame du Barry quitta le cabinet du lieutenant de police.

M. de Sartine les vit partir tous deux sans montrer cette fureur que Balsamo s’attendait à voir éclater.

— Va ! murmura le magistrat vaincu ; va, tu tiens la cassette ; mais, moi, je tiens la femme !

Et, pour se dédommager, il sonna de façon à briser toutes les sonnettes.