— Oui, vraiment !… A-t-on imaginé cela ? mais c’est odieux, Sartine.
— Madame, sauf tout le respect que j’ai pour vous, dit le lieutenant de police, j’ai peur que vous ne vous en laissiez imposer.
— Imposer, monsieur ! dit Balsamo ; est-ce pour moi, par hasard, que vous dites ce mot ?
— Je sais ce que je sais, répliqua M. de Sartine.
— Et moi je ne sais rien, dit tout bas madame du Barry à Balsamo ; voyons, qu’y a-t-il, cher comte ? vous avez réclamé la promesse que je vous ai faite de vous accorder la première demande que vous me feriez. J’ai de la parole comme un homme ; me voici. Voyons, qu’ai-je à faire pour vous ?
— Madame, répondit tout haut Balsamo, vous m’avez, il y a peu de jours, confié cette cassette et tout ce qu’elle renferme.
— Mais, sans doute, répondit madame du Barry, répondant par un regard au regard du comte.
— Sans doute ! s’écria M. de Sartine, vous dites sans doute, madame ?
— Mais oui, et madame a prononcé ces paroles assez haut pour que vous les ayez entendues.
— Une cassette qui renferme dix conspirations, peut-être.
— Ah ! monsieur de Sartine, vous savez bien que vous n’avez pas de bonheur avec ce mot ; ne le répétez donc pas. Madame vous redemande sa cassette, rendez-là-lui, voilà tout.
— Vous me la redemandez, madame ? dit en tremblant de colère M. de Sartine.
— Oui, cher magistrat.
— Mais, au moins, sachez…
Balsamo regarda la comtesse.
— Je n’ai rien à savoir que je ne sache, dit madame du Barry ; rendez-moi le coffret ; je ne me suis pas dérangée pour rien, comprenez-vous ?
— Au nom du Dieu vivant, au nom de l’intérêt de Sa Majesté, madame…