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le côté du mur, poussa un grand cri, et tomba sur les deux genoux.

Ce qui le prosternait ainsi, c’était moins le choc que la vue : dans cette maison qu’il croyait déserte, à la porte de laquelle il avait frappé sans qu’on lui ouvrît, il venait de voir paraître Andrée.

La jeune fille, car c’était bien elle et non pas une ombre, poussa un cri comme Gilbert ; puis, moins effarée, car sans doute elle attendait quelqu’un :

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle. Qui êtes-vous ? Sue désirez-vous ?

— Oh ! pardon, pardon, Mademoiselle ! murmura Gilbert, la face humblement tournée vers le sol.

— Gilbert, Gilbert ici ! s’écria Andrée avec une surprise exempte de peur et de colère ; Gilbert dans ce jardin ! Que venez-vous y faire, mon ami ?

Cette dernière appellation vibra douloureusement jusqu’au fond du cœur du jeune homme.

— Oh ! dit-il d’une voix émue, ne m’accablez pas, mademoiselle, soyez miséricordieuse ; j’ai tant souffert !

Andrée regarda Gilbert avec étonnement, et comme une femme qui ne comprenait rien à cette humilité :

— Et d’abord, dit-elle, relevez-vous, et expliquez-moi comment vous êtes ici.

— Oh ! mademoiselle, s’écria Gilbert, je ne me relèverai point que vous ne m’ayez pardonné !

— Qu’avez-vous donc fait contre moi, pour que je vous pardonne ? Dites, expliquez-vous. En tout cas, continua-t-elle avec un sourire mélancolique, comme l’offense ne peut être grande, le pardon sera facile. C’est Philippe qui vous a remis la clef ?

— La clef ?

— Sans doute, il était convenu que je n’ouvrirais à personne en son absence, et, pour que vous soyez entré, il faut bien que ce soit lui qui vous en ait facilité les moyens, à moins que vous n’ayez passé par-dessus les murs.

— Votre frère, monsieur Philippe ?… balbutia Gilbert. Non,