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qui allait bien à sa physionomie, tous ces ouvriers, hier ses compagnons, aujourd’hui ses inférieurs.

La première question qu’il fit porta sur le baron de Taverney. Il s’adressa naturellement au garçon de service des communs.

— Le baron n’est point à Trianon, répondit celui-ci.

Gilbert hésita un moment.

— Et M. Philippe ? demanda-t-il.

— Oh ! M. Philippe est parti avec mademoiselle Andrée.

— Parti ! s’écria Gilbert effrayé.

— Oui.

— Mademoiselle Andrée est donc partie ?

— Depuis cinq jours.

— Pour Paris ?

Le garçon fit un mouvement qui voulait dire : « Je n’en sais rien. »

— Comment, vous n’en savez rien ? s’écria Gilbert. Mademoiselle Andrée est partie sans qu’on sache où elle est allée ? Elle n’est point partie sans cause, cependant.

— Tiens, cette bêtise ! répondit le garçon, peu respectueux pour l’habit marron de Gilbert ; certainement qu’elle n’est point partie sans cause.

— Et pour quelle cause est-elle partie ?

— Pour changer d’air ?

— Pour changer d’air ? répéta Gilbert.

— Oui, il paraît que celui de Trianon était mauvais pour sa santé, et, par ordonnance du médecin, elle a quitté Trianon.

Il était inutile d’en demander davantage ; il était évident que le garçon des communs avait dit tout ce qu’il savait sur mademoiselle de Taverney.

Et cependant Gilbert, stupéfait, ne pouvait croire à ce qu’il entendait. Il courut à la chambre d’Andrée et trouva la porte close.

Des fragments de verre, des brins de paille et de foin, des fils de la paillasse jonchant le corridor, représentaient à sa vue tous les résultats d’un déménagement.