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Un quart d’heure après, il frappait à la porte du docteur Louis, qui, tout le temps que la cour habitait Trianon, habitait Versailles.


CXLIX

LE PETIT JARDIN DU DOCTEUR LOUIS.


Le docteur Louis, à la porte duquel nous avons laissé Philippe, se promenait dans un petit jardin enterré entre quatre grands murs et qui faisait partie des dépendances d’un vieux couvent d’Ursulines, transformé en un magasin de fourrage pour MM. les dragons de la maison du roi.

Le docteur Louis lisait, en marchant, les épreuves d’un nouvel ouvrage qu’il était en train de faire imprimer, et se baissait de temps en temps pour arracher de l’allée dans laquelle il se promenait, ou des plates-bandes qui s’allongeaient à sa droite et à sa gauche, les mauvaises herbes qui choquaient son instinct de symétrie et d’ordre.

Une seule servante un peu bourrue, comme tout domestique d’un homme de travail qui ne veut pas être dérangé, tenait toute la maison du docteur.

Au bruit que fit le marteau de bronze résonnant sous la main de Philippe, elle s’approcha de la porte et l’entrebâilla.

Mais le jeune homme, au lieu de parlementer avec la servante, poussa la porte et entra. Une fois maître de l’allée, il aperçut le jardin, et dans le jardin le docteur.

Alors, sans faire attention aux allocutions et aux cris de la vigilante gardienne, il s’élança dans le jardin.

Au bruit de ses pas, le docteur leva la tête.

— Ah ! ah ! dit-il, c’est vous ?

— Pardonnez-moi, docteur, d’avoir ainsi forcé votre porte et troublé votre solitude ; mais le moment que vous avez