Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mettez votre parole sous la garantie d’une erreur de date. Depuis, vous avez revu ma sœur.

Balsamo hésita à son tour.

— C’est vrai, dit-il, je l’ai revue.

Et son front, éclairci un instant, s’assombrit d’une façon terrible

— Ah ! vous voyez bien ! dit Philippe.

— Eh bien, que j’aie revu votre sœur, qu’est-ce que cela prouve contre moi ?

— Cela prouve que vous l’avez plongée dans ce sommeil inexplicable dont trois fois déjà, à votre approche, elle a senti les atteintes, et que vous avez abusé de cette insensibilité pour obtenir le secret du crime.

— Encore une fois, qui dit cela ? s’écria à son tour Balsamo.

— Ma sœur !

— Comment le sait-elle, puisqu’elle dormait ?

— Ah ! vous avouez donc qu’elle était endormie ?

— Il y a plus, monsieur, j’avoue l’avoir endormie moi-même.

— Endormie ?

— Oui.

— Et dans quel but, si ce n’est pour la déshonorer ?

— Dans quel but, hélas ! dit Balsamo, laissant retomber sa tête sur sa poitrine.

— Parlez, parlez donc.

— Dans le but, monsieur, de lui faire révéler un secret qui m’était plus précieux que la vie.

— Oh ! ruse, subterfuge !

— Et c’est dans cette nuit, continua Balsamo, suivant sa pensée bien plutôt qu’il ne répondait à l’interrogation injurieuse de Philippe, c’est dans cette nuit que votre sœur ?…

— A été déshonorée, oui, monsieur.

— Déshonorée ?

— Ma sœur est mère !

Balsamo poussa un cri.