— Oui.
— Quel jour ?
— Le jour même de ton départ, à ce que je crois.
— C’était une fille de mœurs suspectes. As-tu connu les détails de sa fuite ? Cherche bien.
— Non, je sais seulement qu’elle est partie avec un jeune homme qu’elle aimait.
— Quels sont tes derniers rapports avec cette fille ?
— Oh : mou Dieu, vers neuf heures elle est entrée, comme d’habitude, dans ma chambre, m’a déshabillée, m’a préparé mon verre d’eau, et est sortie.
— Tu n’as point remarqué qu’elle mêlât une liqueur quelconque dans cette eau ?
— Non ; d’ailleurs cette circonstance n’aurait aucune importance, car je me rappelle qu’au moment où je portais le verre à ma bouche, j’ai éprouvé une sensation étrange.
— Laquelle ?
— La même que j’avais éprouvée un jour à Taverney.
— À Taverney ?
— Oui, lors du passage de cet étranger.
— De quel étranger ?
— Du comte de Balsamo.
— Du comte de Balsamo ? Et quelle était cette sensation ?
— Oh ! quelque chose comme un vertige ! comme un éblouissement, puis la perte de toutes mes facultés.
— Et tu avais éprouvé cette impression à Taverney, dis-tu ?
— Oui.
— Dans quelle circonstance ?
— J’étais à mon piano, je me sentis défaillir : je regardai devant moi, j’aperçus le comte dans une glace. À partir de ce moment je ne me souviens plus de rien, si ce n’est que je me réveillai à mon piano sans pouvoir mesurer le temps que j’avais dormi.
— C’est la seule fois, dis-tu, que tu as éprouvé cette singulière sensation ?
— Et une fois encore, le jour ou plutôt la nuit du feu d’artifice. J’étais entraînée par toute cette foule, sur le point d’être