CXLII
MÉPRISE.
Philippe prolongea la conversation sans affectation, tout en surveillant du coin de l’œil sa sœur, qui cherchait elle-même à reprendre assez d’empire sur elle pour ne le plus inquiéter par de nouvelles défaillances.
Philippe parla beaucoup de ses mécomptes, de l’oubli du roi, de l’inconstance de M. de Richelieu, et, lorsque l’on entendit sonner sept heures, il sortit brusquement, s’inquiétant peu de laisser deviner à Andrée ce qu’il voulait faire.
Il marcha droit au pavillon de la reine, et s’arrêta à une distance assez grande pour ne pas être interpellé par les gens de service, assez rapproché pour que personne ne pût passer sans que lui, Philippe, reconnût la personne qui passait.
Il n’était point là depuis cinq minutes, qu’il vit venir à lui la figure roide et presque majestueuse du docteur qu’Andrée lui avait signalé.
Le jour baissait, et, malgré la difficulté qu’il devait éprouver à lire, le digne docteur feuilletait un traité récemment publié à Cologne, sur les causes et les résultats des paralysies de l’estomac. Peu à peu l’obscurité se faisait autour de lui, et le docteur devinait déjà plutôt qu’il ne lisait, lorsqu’un corps ambulant et opaque acheva d’intercepter ce qui restait de lumière aux yeux du savant patricien.
Il leva la tête, vit un homme devant lui, et demanda :
— Qu’y a-t-il ?
— Pardonnez-moi, monsieur, dit Philippe ; est-ce bien à M. le docteur Louis que j’ai l’honneur de parler ?
— Oui, monsieur, répliqua le docteur en fermant son livre.
— Alors, monsieur, un mot s’il vous plaît, dit Philippe.
— Monsieur, excusez-moi ; mais mon service m’appelle chez