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qu’un mal dont rit le médecin. Dormez donc, mon enfant, je vais vous envoyer quelqu’un pour vous servir, car je remarque que vous êtes seule. Veuillez m’accompagner, monsieur de Taverney.

Elle tendit la main à Andrée, et partit après l’avoir consolée, ainsi qu’elle l’avait promis.


CXXXIX

LES JEUX DE MOTS DE M. RICHELIEU.


M. le duc de Richelieu, comme nous l’avons vu, s’était porté sur Luciennes avec cette rapidité de décision et cette sûreté d’intelligence qui caractérisaient l’ambassadeur à Vienne et le vainqueur de Mahon.

Il arriva l’air joyeux et dégagé, monta comme un jeune homme les marches du perron, tira les oreilles de Zamore, ainsi qu’aux beaux jours de leur intelligence, et força pour ainsi dire la porte de ce fameux boudoir de satin bleu, où la pauvre Lorenza avait vu madame du Barry préparant son voyage de la rue Saint-Claude.

La comtesse, couchée sur son sofa, donnait à M. d’Aiguillon ses ordres du matin.

Tous deux se retournèrent au bruit et demeurèrent stupéfaits en apercevant le maréchal.

— Ah ! monsieur le duc ! s’écria la comtesse.

— Ah ! mon oncle ! fit M. d’Aiguillon.

— Eh ! oui, madame ; eh ! oui, mon neveu.

— Comment, c’est vous ?

— C’est moi, moi-même, en personne.

— Mieux vaut tard que jamais, répliqua la comtesse.

— Madame, dit le maréchal, quand on vieillit on devient capricieux.

— Ce qui veut dire que vous êtes repris pour Luciennes…