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— Déchiffrez-moi cela, dit-il.

— Oui, monseigneur, répondit le commis.

Ce devineur de charades était un petit homme mince, aux lèvres pincées, aux sourcils froncés par la recherche, à la tête pâle et pointue du haut et du bas, au menton effilé, au front fuyant, aux pommettes saillantes, aux yeux enfoncés et ternes, qui s’animaient par instants. M. de Sartine l’appelait la Fouine.

— Asseyez-vous, lui dit le magistrat le voyant embarrassé de son calepin, de son codex de chiffres, de sa note et de sa plume.

La Fouine s’assit modestement sur un tabouret, rapprocha ses jambes et se mit à écrire sur ses genoux, feuilletant son dictionnaire et sa mémoire avec une physionomie impassible.

Au bout de cinq minutes, il avait écrit :

§

« Ordre d’assembler trois mille frères à Paris.

§

« Ordre de composer trois cercles et six loges.

§

« Ordre de composer une garde au grand cophte, et de lui ménager quatre domiciles, dont un dans une maison royale.

§

« Ordre de mettre cinq cent mille francs à sa disposition pour une police.

§

« Ordre d’enrôler dans le premier des cercles parisiens toute la fleur de la littérature et de la philosophie.

§

« Ordre de soudoyer ou de gagner la magistrature et de s’assurer particulièrement du lieutenant de police, par corruption, par violence ou par ruse. »

La Fouine s’arrêta là un moment, non point que le pauvre homme