Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 5.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée

me trompe maintenant, il me semblait que Votre Majesté avait promis…

— Mais ce n’est pas mon affaire, duc. Mais j’ai un ministre de la guerre. Je ne donne pas des régiments, moi… Un régiment ! la belle bourde qu’on vous a contée là. Ah ! vous êtes l’avocat de cette nichée. Quand je vous disais que vous aviez tort de me parler ; voilà que vous m’avez mis tout le sang à l’envers.

— Oh ! sire.

— Oui, à l’envers. Le diable soit de l’avocat, je ne digérerai pas de toute la journée.

Et là-dessus, le roi tourna le dos au duc et se réfugia tout furieux dans son cabinet, laissant Richelieu plus malheureux qu’on ne saurait dire.

— Ah ! pour cette fois, murmura le vieux maréchal, on sait à quoi s’en tenir.

Et s’époussetant avec son mouchoir, car dans la chaleur du choc il s’était tout empoudré, Richelieu se dirigea vers la galerie à l’angle de laquelle son ami l’attendait avec une impatience dévorante.

À peine le maréchal parut-il, que, semblable à l’araignée qui fond sur sa proie, le baron courut sur les nouvelles fraîches.

L’œil éveillé, la bouche en cœur, les bras en guirlande, il se présenta :

— Eh bien, quoi de nouveau ? demanda-t-il.

— Il y a de nouveau, monsieur, répondit Richelieu en se redressant avec une bouche dédaigneuse et une méprisante attaque à son jabot, il y a que je vous prie de ne plus m’adresser la parole.

Taverney regarda le duc avec des yeux ébahis.

— Oui, vous avez fort déplu au roi, continua Richelieu, et qui déplaît au roi m’offense.

Taverney, comme si ses pieds eussent pris racine dans le marbre, resta cloué dans sa stupéfaction. Cependant, Richelieu continua son chemin.