tordre les bras et tourner sur elle-même ; puis elle poussa deux ou trois râlements sourds qui déchirèrent sa poitrine oppressée ; elle s’efforça, ou plutôt la nature s’efforça de rejeter au dehors cette masse mal pondérée de fluide qui lui avait donné, pendant le sommeil magnétique, cette double vue dont nous avons, dans le chapitre précédent, vu se manifester les phénomènes.
Mais la nature fut vaincue, mais Andrée ne put réussir à secouer ce reste de volonté oublié sur elle par Balsamo. Elle ne put dénouer ces liens mystérieux, inextricables, qui l’avaient garrottée tout entière ; et, à force de lutter, elle entra dans ces convulsions qu’autrefois les pythies, sur le trépied, subissaient devant le peuple de questionneurs religieux qui bourdonnait sur le péristyle du temple.
Andrée perdit l’équilibre, et poussant un douloureux gémissement, tomba sur le sable comme si elle eut été foudroyée par le coup de tonnerre qui en ce moment déchira la voûte du ciel.
Mais elle n’avait pas touché le sol, que Gilbert, avec l’agilité et la vigueur du tigre, s’était élancé vers elle, l’avait saisie entre ses bras, et, sans s’apercevoir qu’il eût un fardeau à soutenir, l’emportait dans la chambre qu’elle avait quittée pour obéir à l’appel de Balsamo, et dans laquelle brûlait encore la bougie près du lit défait.
Gilbert trouva toutes les portes ouvertes, comme les avait laissées Andrée.
En entrant, il se heurta au sofa et y déposa tout naturellement la jeune fille froide et inanimée.
Tout était devenu fièvre en lui au contact de ce corps inanimé ; ses nerfs étaient frémissants, son sang brûlait.
Sa première idée, cependant, fut chaste et pure : il fallait avant toute chose rappeler à la vie cette belle statue ; il chercha des yeux la carafe pour jeter quelques gouttes d’eau au visage d’Andrée.
Mais en ce moment, et comme sa main tremblante s’étendait vers le col élancé de l’aiguière de cristal, il lui sembla