à Luciennes, manger, boire surtout ; les vins de la comtesse sont méchants ; je ne sais pas avec quels raisins ils sont fabriqués, mais ils brisent ; ma foi, j’aime mieux me dorloter ici.
— Et Votre Majesté a cent fois raison, dit le duc.
— La comtesse se distraira, d’ailleurs ! Suis-je un si aimable compagnon ? Elle a beau le dire, je n’en crois rien.
— Ah ! cette fois, Votre Majesté a tort, fit le maréchal.
— Non, duc, non, en vérité ; je compte mes jours, et je réfléchis.
— Sire, madame la comtesse comprend qu’elle ne saurait, de toute façon, avoir meilleure société, et c’est ce qui la rend furieuse.
— En vérité, duc, je ne sais comment vous faites ; vous menez toujours les femmes, vous, comme si vous aviez vingt ans. À cet âge, c’est l’homme qui choisit ; mais à l’époque où j’en suis, duc…
— Eh bien, sire ?
— Eh bien, c’est la femme qui fait son calcul.
Le maréchal se mit à rire.
— Allons, sire, dit-il, raison de plus, et si Votre Majesté croit que la comtesse se distrait, consolons-nous.
— Je ne dis pas qu’elle se distrait, duc ; je dis qu’elle finira par chercher des distractions.
— Ah ! je n’oserais pas dire à Votre Majesté que cela ne se soit jamais vu.
Le roi, fort agité, se leva.
— Qui ai-je encore là ? demanda-t-il.
— Mais tout votre service, sire.
Le roi réfléchit un instant.
— Mais vous, dit-il, avez-vous quelqu’un ?
— J’ai Rafté.
— Bon.
— Que doit-il faire, sire ?
— Eh bien, duc, il faudrait qu’il s’informât si madame du Barry retourne réellement à Luciennes.
— La comtesse est partie, ce me semble.
— Ostensiblement,