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père, digne homme s’il en fût ; je vous continuai ma clientèle ; vous avez gagné dix ou douze mille livres avec mes affaires ; vous en eussiez gagné autant encore, peut-être.

— Écrivez, écrivez tout cela, dit vivement Flageot à son clerc, c’est un témoignage, c’est une preuve : on l’insérera dans la confirmation.

— Or, interrompit la comtesse, je vous retire mes dossiers ; à partir de ce moment vous avez perdu ma confiance.

Maître Flageot, frappé de cette disgrâce comme d’un coup de foudre, resta un moment stupéfait ; mais, se relevant sous le coup comme un martyr qui confesse son Dieu :

— Soit ! dit-il ; Bernardet, rendez les dossiers à madame, et vous consignerez ce fait, ajouta-t-il, que l’exposant a préféré sa conscience à sa fortune.

— Pardon, comtesse, glissa le maréchal à l’oreille de madame de Béarn, mais vous n’avez pas réfléchi, ce me semble.

— À quoi, monsieur le duc ?

— Vous retirez vos dossiers à ce brave protestant ; mais pour quoi faire ?

— Pour les porter à un autre procureur, à un autre avocat ! s’écria la comtesse.

Maîlre Flageot leva les yeux au ciel avec un funèbre sourire d’abnégation, de résignation stoïque.

— Mais, continua le maréchal, toujours parlant à l’oreille de la comtesse, puisqu’il est décidé que les chambres ne jugeront rien, ma chère madame, un autre procureur n’occupera pas plus pour vous que maître Flageot…

— C’est donc une ligue, alors ?

— Pardieu ! croyez-vous maître Flageot assez bête pour se faire protestant tout seul, pour perdre son étude tout seul, si ses confrères ne devaient pas faire comme lui, et par conséquent, le soutenir ?

— Mais vous, monsieur, que faites-vous ?

— Moi, je déclare que maître Flageot est un fort honnête procureur, et que mes dossiers sont aussi bien chez lui que chez moi… En conséquence, je les lui laisse tout en le payant, bien entendu, comme s’il poursuivait.