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lingots sont non seulement de l’or, mais encore de l’or sans alliage.

Le cardinal paraissait répugner à donner cette preuve d’incrédulité ; et cependant, il était visible qu’il n’était point convaincu.

Balsamo toucha lui-même les lingots et soumit le résultat à l’expérience de son hôte.

— Vingt-huit carats, dit-il ; je vais verser les deux autres.

Dix minutes après, les deux cents livres d’or étaient étalées en quatre lingots sur l’étoupe échauffée par le contact.

— Votre Éminence est venue en carrosse, n’est-ce pas ? Du moins, c’est en carrosse que je l’ai vue venir.

— Oui.

— Monseigneur fera approcher son carrosse de la porte, et mon laquais portera les lingots dans son carrosse.

— Cent mille écus ! murmura le cardinal, en ôtant son masque comme pour voir par ses propres yeux l’or gisant à ses pieds.

— Et celui-là, monseigneur, vous pourrez dire d’où il vient, n’est-ce pas ? car vous l’avez vu faire.

— Oh ! oui, et j’en témoignerai.

— Non pas, non pas, dit vivement Balsamo, on n’aime pas les savants en France ; ne témoignez de rien, monseigneur. Oh ! si je faisais des théories au lieu de faire de l’or, je ne dis pas.

— Alors, que puis-je faire pour vous ? dit le prince en soulevant avec peine un lingot de cinquante livres dans ses mains délicates.

Balsamo le regarda fixement, et, sans aucun respect, se mit à rire.

— Qu’y a-t-il donc de risible dans ce que je vous dis ? demanda le cardinal.

— Votre Éminence m’offre ses services, je crois ! 

— Sans doute.

— En vérité, ne serait-il pas plus à propos que je lui offrisse les miens ?

La figure du cardinal s’assombrit.