que je vous appelle ? M. le baron Balsamo, ou M. le comte de Fœnix ?
— Chez moi, monseigneur, je n’ai pas de nom : je m’appelle le Maître.
— Oui, c’est le titre hermétique. Ainsi donc, maître, vous m’attendiez ?
— Je vous attendais.
— Et vous aviez chauffé votre laboratoire ?
— Mon laboratoire est toujours chauffé, monseigneur.
— Et vous me permettrez d’y entrer ?
— J’aurai l’honneur d’y conduire Votre Éminence.
— Et je vous y suivrai, mais à une condition.
— Laquelle ?
— C’est que vous me promettrez de ne pas me mettre personnellement en rapport avec le diable. J’ai grand-peur de Sa Majesté Lucifer.
— Oh ! monseigneur !
— Oui, d’ordinaire on prend pour faire le diable de grands coquins de gardes-françaises réformés, ou des maîtres d’armes à plumet, qui, pour jouer au naturel le rôle de Satan, rouent les gens de chiquenaudes et de nasardes après avoir éteint les chandelles.
— Monseigneur, dit Balsamo en souriant, jamais mes diables à moi n’oublient qu’ils ont l’honneur d’avoir affaire à des princes, et ils se souviennent toujours du mot de M. de Condé qui promit à l’un d’eux, s’il ne se tenait pas tranquille, de rosser si bien son fourreau qu’il serait forcé d’en sortir, ou de s’y conduire plus décemment.
— Bien, dit le cardinal, voilà qui me ravit ; passons au laboratoire.
— Votre Éminence veut-elle prendre la peine de me suivre ?
— Marchons.