Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LVIII

LA VISITE.


Lorenza ne s’était pas trompée : une voiture, après être entrée par la barrière Saint-Denis, après avoir suivi dans toute sa longueur le faubourg du même nom, avait tourné entre la porte et l’angle formé par la dernière maison, et longeait le boulevard.

Cette voiture renfermait, comme l’avait dit la voyante, M. Louis de Rohan, évêque de Strasbourg, que son impatience portait à venir trouver, avant le temps fixé, le sorcier dans son antre.

Le cocher, que bon nombre d’aventures galantes du beau prélat aguerrissaient contre l’obscurité, les fondrières et les dangers de certaines rues mystérieuses, ne se rebuta pas le moins du monde, lorsque, après avoir suivi les boulevards Saint-Denis et Saint-Martin, encore peuplés et éclairés, il lui fallut aborder le boulevard désert et sombre de la Bastille.

La voiture s’arrêta au coin de la rue Saint-Claude, sur le boulevard même, et, d’après l’ordre du maître, alla se cacher sous les arbres à vingt pas.

Alors M. de Rohan, en habit de ville, se glissa dans la rue et vint frapper trois fois à la porte de l’hôtel qu’il avait facilement reconnu à la description que lui en avait faite le comte de Fœnix.

Le pas de Fritz retentit dans la cour, la porte s’ouvrit.

— N’est-ce point ici que demeure M. le comte de Fœnix ? demanda le prince.

— Oui, monseigneur, répondit Fritz.

— Est-il au logis ?

— Oui, monseigneur.