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les choses du monde les plus difficiles, avait profondément surpris, et, faut-il le dire, inquiété la comtesse.

Elle attendait donc impatiemment M. d’Aiguillon pour savoir enfin à quoi s’en tenir, et si le maréchal avait été discret ou était ignorant.

Le duc entra.

Respectueux avec aisance et assez sûr de lui pour saluer entre la reine et la femme de cour ordinaire, il subjugua tout d’un coup, par cette nuance délicate, une protection toute disposée à trouver le bien parfait, et le parfait merveilleux.

M. d’Aiguillon prit ensuite la main de son oncle, qui, s’avançant vers la comtesse, lui dit de sa voix pleine de caresses :

— Voici M. le duc d’Aiguillon, madame ; ce n’est pas mon neveu, c’est un de vos serviteurs les plus passionnés que j’ai l’honneur de vous présenter.

La comtesse regarda le duc sur ce mot, et elle le regarda comme font les femmes, c’est-à-dire avec des yeux à qui rien n’échappe ; elle ne vit que deux fronts courbés respectueusement, et deux figures qui remontèrent calmes et sereines après le salut.

— Je sais, répondit madame du Barry, que vous aimez M. le duc, maréchal ; vous êtes mon ami. Je prierai monsieur, par déférence pour son oncle, de l’imiter en tout ce que son oncle fera d’agréable pour moi.

— C’est la conduite que je me suis tracée à l’avance, madame, répondit le duc d’Aiguillon avec une révérence nouvelle.

— Vous avez bien souffert en Bretagne ? dit la comtesse.

— Oui, madame, et je ne suis pas au bout, répondit d’Aiguillon.

— Je crois que si, monsieur ; d’ailleurs, voilà M. de Richelieu qui va vous aider puissamment.

D’Aiguillon regarda Richelieu comme surpris.

— Ah ! fit la comtesse, je vois que le maréchal n’a pas encore eu le temps de causer avec vous ; c’est tout simple, vous arrivez de voyage. Eh bien, vous devez avoir cent choses à vous