— Eh bien ?
— Merci.
— Êtes-vous fatiguée encore ?
— Non.
— Voyez-vous toujours le courrier ?
— Attendez… Oui, oui, il monte un grand escalier de pierre. Il est précédé par un valet en livrée bleu et or. Il traverse de grands salons pleins de dorures. Il arrive à un cabinet éclairé. Le laquais ouvre la porte et se retire.
— Que voyez-vous ?
— Le courrier salue.
— Qui salue-t-il ?
— Attendez… Il salue un homme assis à un bureau et qui tourne le dos à la porte.
— Comment est habillé cet homme ?
— Oh ! en grande toilette, et comme pour un bal.
— A-t-il quelque décoration ?
— Il porte un grand ruban bleu en sautoir.
— Son visage ?
— Je ne le vois pas… Ah !
— Quoi ?
— Il se retourne.
— Quelle physionomie a-t-il ?
— Le regard vif, des traits irréguliers, de belles dents.
— Quel âge ?
— Cinquante à cinquante-huit ans.
— Le duc ! souffla la comtesse au maréchal, c’est le duc.
Le maréchal fit de la tête un signe qui signifiait : « Oui, c’est lui… mais écoutez. »
— Ensuite ? commanda Balsamo.
— Le courrier remet à l’homme au cordon bleu…
— Vous pouvez dire le duc : c’est un duc.
— Le courrier, reprit la voix obéissante, remet au duc une lettre qu’il tire d’un sac de cuir qu’il portait derrière son dos. Le duc la décachette et la lit avec attention.
— Après ?
— Il prend une plume, une feuille de papier et écrit.