— Comme vous, maréchal ? Vous croyez donc à ces contes ?
— Je crois à tout.
— Il était vieux ?
— Mathusalem en personne.
— Et il se nommait ?
— Ah ! d’un nom grec magnifique, Althotas.
— Oh ! que voilà un terrible nom, maréchal.
— N’est-ce pas, madame ?
— Duc, voilà le carrosse qui revient.
— À merveille.
— Sommes-nous décidés ?
— Ma foi, oui.
— Nous allons à Paris ?
— À Paris.
— Rue Saint-Claude ?
— Si vous le voulez bien… Mais le roi qui attend !…
— C’est ce qui me déciderait, duc, si je n’étais déjà décidée. Il m’a tourmentée ; à ton tour de rager, la France.
— Mais on va vous croire enlevée, perdue.
— D’autant mieux qu’on m’a vue avec vous, maréchal.
— Tenez, comtesse, je vais être franc à mon tour : j’ai peur.
— De quoi ?
— J’ai peur que vous ne racontiez cela à quelqu’un, et que l’on ne se moque de moi.
— Alors on se moquera de nous deux, puisque j’y vais avec vous.
— Au fait, comtesse, vous me décidez. D’ailleurs, si vous me trahissez, je dis…
— Que dites-vous ?
— Je dis que vous êtes venue avec moi, en tête-à-tête.
— On ne vous croira pas, duc.
— Eh ! eh ! si Sa Majesté n’était pas là…
— Champagne ! Champagne ! ici, derrière ce buisson, qu’on ne vous voie pas. Germain ! la portière. C’est cela. Maintenant, à Paris, rue Saint-Claude, au Marais, et brûlons le pavé.