Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est possible, répondit le cardinal, mais qui te parle de cela, animal ?

— Que désire donc monseigneur ?

— Savoir le nom de la rue.

— Rue Saint-Claude, monseigneur.

— Claude, c’est cela ! s’écria le cardinal. J’eusse parié pour un nom de saint.

— Rue Saint-Claude ! répéta la comtesse en lançant à Richelieu un regard si expressif que le maréchal, craignant toujours de laisser approfondir ses secrets, surtout lorsqu’il s’agissait de conspiration, interrompit madame Dubarry par ces mots :

— Eh ! comtesse, le roi.

— Où ?

— Là-bas.

— Le roi, le roi ! s’écria la comtesse. À gauche, Champagne, à gauche, que Sa Majesté ne nous voie pas.

— Et pourquoi cela, comtesse ? dit le cardinal effaré. Je croyais, au contraire, que vous me conduisiez près de Sa Majesté.

— Ah ! c’est vrai, vous avez envie de voir le roi, vous ?

— Je ne viens que pour cela, madame.

— Eh bien, l’on va vous conduire au roi.

— Mais vous ?

— Nous, nous restons ici.

— Cependant, comtesse…

— Pas de gêne, prince, je vous en supplie, chacun à son affaire. Le roi est là-bas, sous ce bosquet de châtaigniers, vous avez affaire au roi, à merveille. Champagne !

Champagne arrêta court.

— Champagne, laissez-nous descendre, et menez Son Éminence au roi.

— Quoi ! seul, comtesse ?

— Vous demandiez l’oreille du roi, monsieur le cardinal.

— C’est vrai.

— Eh bien, vous l’aurez tout entière.

— Ah ! cette bonté me comble.