— Croyez-vous ce gaillard-là capable de nous tirer d’affaire ?
— Je le crois capable de tout.
— Oh ! oh ! et quel miracle a-t-il opéré ? dites-moi un peu cela, comtesse, que je juge par l’échantillon.
— Duc, dit madame du Barry en se rapprochant de Richelieu et en baissant la voix malgré elle, c’est un homme qui, il y a dix ans, m’a rencontrée sur la place Louis XV et m’a dit que je serais reine de France.
— En effet, c’est miraculeux, et cet homme-là serait capable de me prédire que je mourrai premier ministre.
— N’est-ce pas ?
— Oh ! je n’en doute pas un seul instant. Comment l’appelez-vous ?
— Son nom ne vous apprendra rien.
— Où est-il ?
— Ah ! voilà ce que j’ignore.
— Il ne vous a pas donné son adresse ?
— Non. Il devait venir lui-même chercher sa récompense.
— Que lui aviez-vous promis ?
— Tout ce qu’il me demanderait.
— Et il n’est pas venu ?
— Non.
— Comtesse ! voilà qui est plus miraculeux que sa prédiction. Décidément, il nous faut cet homme.
— Mais comment faire ?
— Son nom, comtesse, son nom !
— Il en a deux.
— Procédons par ordre : le premier ?
— Le comte de Fœnix.
— Comment, cet homme que vous m’avez montré le jour de votre présentation ?
— Justement.
— Ce Prussien ?
— Ce Prussien.
— Oh ! je n’ai plus de confiance. Tous les sorciers que j’ai connus avaient des noms qui finissaient en i ou en o.