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un peu de l’extérieur… On me dit que je vais avoir la guerre ?

— Sire, si vous avez la guerre, ce sera une guerre loyale et nécessaire.

— Avec les Anglais… diable !

— Votre Majesté craint-elle les Anglais, par hasard ?

— Oh ! sur mer…

— Que Votre Majesté soit en repos : M. le duc de Praslin, mon cousin, votre ministre de la marine, vous dira qu’il a soixante-quatre vaisseaux, sans ceux qui sont en chantier ; plus, des matériaux pour en construire douze autres en un an… Enfin, cinquante frégates de première force, ce qui est une position respectable pour la guerre maritime. Quant à la guerre continentale, nous avons mieux que cela, nous avons Fontenoy.

— Fort bien ; mais pourquoi aurais-je à combattre les Anglais, mon cher duc ? Un gouvernement beaucoup moins habile que le vôtre, celui de l’abbé Dubois, a toujours évité la guerre avec l’Angleterre.

— Je le crois bien, sire, l’abbé Dubois recevait par mois six cent mille livres des Anglais.

— Oh ! duc.

— J’ai la preuve, sire.

— Soit ; mais où voyez-vous des causes de guerre ?

— L’Angleterre veut toutes les Indes : j’ai dû donner à vos officiers les ordres les plus sévères, les plus hostiles. La première collision là-bas donnera lieu à des réclamations de l’Angleterre ; mon avis formel est que nous n’y fassions pas droit. Il faut que le gouvernement de Votre Majesté soit respecté par la force, comme il l’était grâce à la corruption.

— Eh ! patientons ; dans l’Inde, qui le saura ? c’est si loin !

Le duc se mordit les lèvres.

— Il y a un casus belli plus rapproché de nous, sire, dit-il.

— Encore ! Quoi donc ?

— Les Espagnols prétendent à la possession des îles Malouines et Falkland… Le port d’Egmont était occupé par les Anglais arbitrairement, les Espagnols les en ont chassés de