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De son côté Gilbert, en prenant les mêmes précautions pour ne pas être vu, regagna sa muraille et sa corde, s’aida du cep de vigne et du treillage, atteignit le plomb du premier étage de l’escalier, et grimpa lestement jusqu’à sa mansarde.

Le bonheur voulut qu’il ne rencontrât personne dans son ascension ; les voisines étaient déjà couchées et Thérèse était encore à table.

Gilbert était trop exalté par la victoire qu’il venait de remporter sur Nicole pour avoir peur de trébucher sur la gouttière. Au contraire, il se sentait la puissance de marcher comme la fortune sur un rasoir affilé, ce rasoir eût-il une lieue de long.

Andrée était au bout du chemin.

Il regagna donc sa lucarne, ferma la fenêtre et déchira le billet auquel personne n’avait touché.

Puis il s’étendit délicieusement sur son lit.

Une demi-heure après, Thérèse tint parole, et vint à travers la porte lui demander comment il se portait.

Gilbert répondit par un remerciement, entremêlé des bâillements d’un homme qui se meurt de sommeil. Il avait hâte de se retrouver seul, bien seul, dans l’obscurité et le silence, pour se rassasier de ses pensées, pour analyser avec le cœur, avec l’esprit, avec tout son être, les pensées ineffables de cette dévorante journée.

Bientôt, en effet, tout disparut à ses yeux, le baron, Philippe, Nicole, Beausire, et il ne vit plus, sur le fond de son souvenir, qu’Andrée à demi nue, les bras arrondis au-dessus de sa tête, et détachant les épingles de ses cheveux.