Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 3.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je repris mes sens, continua la jeune fille, et je me réveillai dans un salon richement meublé. Une femme de chambre et une dame étaient à mes côtés, mais ne paraissaient nullement inquiètes, car à mon réveil je vis des figures bienveillamment souriantes.

— Savez-vous quelle heure il était, Andrée ?

— La demie sonnait après minuit.

— Oh ! fit le jeune homme en respirant librement, c’est bien ; continuez, Andrée, continuez.

— Je remerciai les femmes des soins qu’elles me prodiguaient ; mais, sachant votre inquiétude, je les priai de me faire reconduire à l’instant même ; elles me dirent alors que le comte était retourné sur le théâtre de la catastrophe pour porter de nouveaux secours aux blessés, mais qu’il allait revenir avec une voiture, et qu’il me reconduirait lui-même à notre hôtel. En effet, vers deux heures, j’entendis rouler une voiture dans la rue, puis un frémissement pareil à ceux que j’avais déjà éprouvés à l’approche de cet homme me reprit ; je tombai vacillante, étourdie, sur un sofa ; la porte s’ouvrit, je pus, au milieu de mon évanouissement, reconnaître encore celui qui m’avait sauvée, puis je perdis connaissance une seconde fois. C’est alors qu’on m’aura descendue, mise dans le fiacre et ramenée ici. Voilà tout ce dont je me souviens, mon frère.

Philippe calcula le temps, et vit que sa sœur avait dû être conduite directement de la rue des Écuries-du-Louvre à la rue Coq-Héron, comme elle avait été conduite de la place Louis XV à la rue des Écuries-du-Louvre ; et, lui serrant cordialement la main, il lui dit d’un son de voix libre et joyeux :

— Merci, chère sœur, merci ; tous ces calculs correspondent au mien. Je me présenterai chez la marquise de Savigny et je la remercierai moi-même. Maintenant, un dernier mot d’un intérêt secondaire.

— Dites.

— Vous rappelez-vous avoir vu, au milieu de la catastrophe, quelque figure de connaissance ?