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On n’entendait, en effet, aucun bruit, et l’on ne voyait qu’une faible lumière au rez-de-chaussée.

Gilbert, arrivé au sol sans accident aucun, ne voulut pas traverser diagonalement le jardin ; il longea le mur, gagna un massif, le traversa en se courbant, et arriva sans avoir pu être deviné à la porte laissée ouverte par Nicole.

De là, abrité par un immense aristoloche qui grimpait jusqu’au-dessus de la porte et la festonnait amplement, il observa que la première pièce, antichambre assez spacieuse, ainsi qu’il l’avait deviné, était parfaitement vide.

Cette antichambre donnait entrée à l’intérieur par deux portes, l’une fermée, l’autre ouverte ; Gilbert devina que la porte ouverte était celle de la chambre de Nicole.

Il pénétra lentement dans cette chambre, en étendant les mains devant lui de peur d’accident, car cette chambre était privée de toute lumière.

Cependant, au bout d’une espèce de corridor, on voyait une porte vitrée dessiner sur la lumière de la pièce voisine les traverses qui enfermaient ses vitres ; de l’autre côté de ces vitres, un rideau de mousseline flottait.

En s’avançant dans le corridor, Gilbert entendit une faible voix dans la pièce éclairée.

C’était la voix d’Andrée ; tout le sang de Gilbert reflua vers son cœur.

Une autre voix répondait à celle-là, c’était celle de Philippe.

Le jeune homme s’informait avec sollicitude de la santé de sa sœur.

Gilbert, en garde, fit quelques pas et se plaça derrière une de ces demi-colonnes surmontées d’un buste quelconque, qui formaient à cette époque la décoration des portes doubles en profondeur.

Ainsi en sûreté, il écouta et regarda, si heureux, que son cœur se fondait de joie ; si épouvanté, que ce même cœur se rétrécissait au point de n’être plus qu’un point dans sa poitrine.

Il écoutait et voyait.