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— Rien !

Philippe tomba sur le banc de pierre de l’hôtel ; le baron poussa une sauvage exclamation.

En ce moment même un fiacre apparut au bout de la rue, s’approcha lourdement, et s’arrêta en face de l’hôtel.

Une tête de femme apparaissait à travers la portière, renversée sur son épaule et comme évanouie. Philippe, réveillé en sursaut à cette vue, bondit de ce côté.

La portière du fiacre s’ouvrit, et un homme en descendit portant Andrée inanimée entre ses bras.

— Morte ! morte !… On nous la rapporte, s’écria Philippe en tombant à genoux.

— Morte ! balbutia le baron. Oh ! monsieur, est-elle véritablement morte ?

— Je ne crois pas, messieurs, répondit tranquillement l’homme qui portait Andrée, et mademoiselle de Taverney, je l’espère, n’est qu’évanouie.

— Oh ! le sorcier ! le sorcier ! s’écria le baron.

— Monsieur le comte de Balsamo ! murmura Philippe.

— Moi-même, monsieur le baron, et assez heureux pour avoir reconnu mademoiselle de Taverney dans l’affreuse mêlée.

— Où cela, monsieur ? demanda Philippe.

— Près du Garde-Meuble.

— Oui, dit Philippe.

Puis, passant tout à coup de l’expression de la joie à une sombre défiance :

— Vous la ramenez bien tard, comte ? dit-il.

— Monsieur, répondit Balsamo sans s’étonner, vous comprendrez facilement mon embarras. J’ignorais l’adresse de mademoiselle votre sœur, et je l’avais fait transporter par mes gens chez madame la marquise de Savigny, l’une de mes amies, qui loge près des écuries du roi. Alors, ce brave garçon que vous voyez et qui m’aidait à soutenir mademoiselle… Venez, Comtois.

Balsamo accompagna ces dernières paroles d’un signe, et un homme à la livrée royale sortit du fiacre.

— Alors, continua Balsamo, ce brave garçon qui est dans les équipages royaux a reconnu mademoiselle pour l’avoir