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mais d’elle nulle trace. Je vais recommencer à la chercher à partir du bastion.

— De quel côté allait la foule, monsieur ?

— Vers les bâtiments neufs, vers la rue de la Madeleine.

— Alors ce doit être de ce côté ?

— Sans doute, aussi ai-je cherché de ce côté d’abord ; mais il y avait de terribles remous. Puis le flot allait par-là, c’est vrai, mais une pauvre femme qui a la tête perdue ne sait où elle va, et cherche à fuir dans toutes les directions.

— Monsieur, c’est peu probable qu’elle ait lutté contre le courant ; je vais chercher du côté des rues, venez avec moi, et, tous deux réunis, peut-être nous trouverons.

— Et que cherchez-vous, votre fils ? demanda timidement Philippe.

— Non, monsieur, mais un enfant que j’avais presque adopté.

— Vous l’avez laissé venir seul ?

— Oh ! c’était un jeune homme déjà : dix-huit à dix-neuf ans. Maître de ses actions, il a voulu venir, je n’ai pas pu l’empêcher. D’ailleurs, on était si loin de deviner cette horrible catastrophe !… Votre bougie s’éteint…

— Oui, monsieur.

— Venez avec moi, je vous éclairerai.

— Merci, vous êtes bien bon, mais je vous gênerais.

— Oh ! ne craignez rien, puisqu’il faut que je cherche pour moi-même. Le pauvre enfant rentrait d’ordinaire exactement, continua le vieillard en s’avançant par les rues ; mais ce soir j’avais comme un pressentiment. Je l’attendais ; il était onze heures déjà ; ma femme apprit d’une voisine les malheurs de cette fête. J’ai attendu deux heures, espérant toujours qu’il rentrerait ; ne le voyant pas rentrer, j’ai pensé qu’il serait lâche à moi de dormir sans nouvelles.

— Ainsi nous allons vers les maisons ? demanda le jeune homme.

— Oui, vous l’avez dit, la foule a dû se porter de ce côté et s’y est portée certainement. Ce sera là sans doute qu’aura couru le malheureux enfant ! Un provincial tout ignorant, non seulement des usages, mais des rues de la grande ville. Peut-