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— Merci, j’aime mieux la mienne ; la mienne n’a pas d’armoiries, elle tient le milieu entre un fiacre et un carrosse. C’est une voiture qu’on repeint tous les mois, et qui est difficilement reconnue par cette raison. Maintenant, pendant qu’en attelle, permettez que je m’assure si mes perruques neuves vont à ma tête.

— Faites, dit Jean.

M. de Sartines appela son perruquier : c’était un artiste, et il apportait à son client une véritable collection de perruques ; il y en avait de toutes les formes, de toutes les couleurs et de toutes les dimensions : perruques de robins, perruques d’avocat, perruques de traitant, perruques à la cavalière. M. de Sartines, pour les explorations, changeait parfois de costume trois ou quatre fois par jour, et il tenait essentiellement à la régularité du costume.

Comme le magistrat essayait sa vingt-quatrième perruque, on vint lui dire que la voiture était attelée.

— Vous reconnaîtrez bien la maison ? demanda M. de Sartines à Jean.

— Pardieu ! je la vois d’ici.

— Vous avez examiné l’entrée ?

— C’est la première chose à laquelle j’ai songé.

— Et comment cette entrée est-elle faite ?

— Une allée.

— Ah ! une allée au tiers de la rue, avez-vous dit ?

— Oui, avec porte à secret.

— Avec porte à secret ! diable ! Savez-vous l’étage où demeure votre fugitif ?

— Dans les mansardes. Mais, d’ailleurs, vous allez voir, car j’aperçois la fontaine.

— Au pas, cocher, dit M. de Sartines.

Le cocher modéra sa course ; M. de Sartines leva les glaces.

— Tenez, dit Jean, c’est cette maison sale.

— Ah ! justement ! s’écria M. de Sartines en frappant dans ses mains, voilà ce que je craignais.

— Comment ! vous craignez quelque chose ?

— Hélas ! oui.